Scandale à la cour de Lunéville

L'affaire Alliot (1751-1762)
Marie-José LAPERCHE-FOURNEL
Résumé
Le 16 février 1751, à Lunéville, Marie-Louise Alliot fille de l'intendant de Stanislas, épouse en grande pompe un jeune conseiller à la Cour souveraine de Lorraine et Barrois, Charles-François-Xavier Henry de Pont. Les entourent, dans la Robe, la Finance et l'Épée, leurs parents, leurs alliés. Pourtant le jour de la célébration, la mariée est en pleurs, sans mouvement et sans vie. Le soir de la cérémonie, portée au lit de force, elle jette des cris perçants à la vue de la couche apprêtée. Le mariage cette nuit-là, faut-il le préciser, n'est pas consommé ; il ne le sera pas davantage dans les mois, ni les années qui suivent. L'affaire Alliot commence... Dix ans plus tard le procès en nullité de mariage intenté par le chevalier de Pont et sa femme, qui n'ont l'un pour l'a ... Lire la suite
FORMAT
Livre broché
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Date de première publication du titre 25 août 2008
ISBN 9782864809074
EAN-13 9782864809074
Référence 112362-47
Nombre de pages de contenu principal 164
Format 16 x 24 x .9 cm
Poids 276 g

 

Introduction
Première partie: Grande Robe et cercle de la Cour
CHAPITRE 1 - CÔTÉ COUR: LES ALLIOT
1 - L'ascension familiale: des protections multiples
2 - Alliances et stratégies

CHAPITRE II - CÔTÉ VILLE: LES HENRY DE PONT
1 - Réseaux de parenté et d'alliances
2 - La Robe nancéienne: comportements et représentations

Deuxième partie: les abus criants du pouvoir paternel
CHAPITRE 1 : " UN ODIEUX MARIAGE "
1 - Un mariage sous contrainte
2 - Un mariage d'intérêt

CHAPITRE II : TYRANNIE PATERNELLE
1- La puissance paternelle au XVIIIe siècle: con1portements, discours et représentations.
2 - François-Antoine Alliot, un homme autoritaire, un père despotique

Troisième partie: Le procès en nullité de mariage (1760-1762)
CHAPITRE 1 : UN PROCÈS EXTRAORDINAIRE
1 - Les étapes de la procédure
2 - L'affaire Alliot : une affaire singulière

CHAPITRE II: LES DESSOUS DE L'AFFAIRE
1 - Un double scandale: une femme adultère, un enfant bâtard
2 - Des pouvoirs concurrents et rivaux


Annexes
Annexe 1 : Contrat de mariage entre Marie-Louise Alliot et Charles-François-Xavier Henry de Pont (Lunéville, 21 janvier 1751)
Annexe 2 : Le patrimoine mobilier de Charles-François Henry de Pont d'après son inventaire après-décès (Nancy, 31 décembre 1750)
Annexe 3 : chronologie (1750-1764)

Sources et bibliographie

 

Le 16 février 1751, à Lunéville, Marie-Louise Alliot fille de l'intendant de Stanislas, épouse en grande pompe un jeune conseiller à la Cour souveraine de Lorraine et Barrois, Charles-François-Xavier Henry de Pont. Les entourent, dans la Robe, la Finance et l'Épée, leurs parents, leurs alliés. Pourtant le jour de la célébration, la mariée est en pleurs, sans mouvement et sans vie. Le soir de la cérémonie, portée au lit de force, elle jette des cris perçants à la vue de la couche apprêtée. Le mariage cette nuit-là, faut-il le préciser, n'est pas consommé ; il ne le sera pas davantage dans les mois, ni les années qui suivent. L'affaire Alliot commence... Dix ans plus tard le procès en nullité de mariage intenté par le chevalier de Pont et sa femme, qui n'ont l'un pour l'autre qu'une aversion profonde, devient un fait divers qui défraye, en Lorraine, la chronique mondaine. Entre temps la fille du conseiller aulique n'est-elle pas devenue la maîtresse officielle de Ferdinand-Jérôme de Beauvau, fils du prince de Craon et frère de la favorite en titre, la marquise de Boufflers ?Procès retentissant aux rebondissements les plus extravagants, l'affaire Alliot, pendant plus de deux ans, va mettre en branle le tribunal de l'official à Toul, la Cour souveraine de Lorraine, le Châtelet et le Parlement de Paris. Connu à travers les sources judiciaires et mémoires d'avocats, ce procès permet de pénétrer le monde clos des grandes familles, livre les stratégies des lignages et surtout révèle un père très absolu dans sa famille, sacrifiant sans pitié la liberté de ses enfants aux intérêts supérieurs du lignage. François-Antoine Alliot, l'intendant du palais, serviteur probe, intègre et laborieux, est aussi un père très excessif, autoritaire et rigide à l'excès ; Marie-Louise en éprouvera toutes les rigueurs et son jeune frère, déporté à la Désirade, en épuisera toutes les cruautés. Parfaite illustration des abus criants du pouvoir paternel — le triomphe de l'absolutisme s'est accompagné du renforcement des pouvoirs des pères sur leur progéniture — il est déjà, en ce milieu 18e siècle, un modèle archaïque ; dès la seconde moitié du siècle, le débat se nourrit des idées des Lumières ; les aspirations individuelles commencent à l'emporter sur les impératifs familiaux ; philosophes et magistrats dénoncent l'arbitraire qu'il soit royal ou familial.Traditionnellement la sphère familiale est identifiée au privé, mais cellule de base de toute société, elle est une institution trop sérieuse pour être laissée à l'anarchie des comportements individuels. Aussi l'État, l'Église, comme le révèle l'affaire, ont-ils volontiers prêté main forte au chef de famille, fut-il comme Alliot un père intraitable, parfaite illustration de la tyrannie paternelle. À ce titre, le fait divers est bien un fait d'histoire qui dévoile le fonctionnement d'une société, ses systèmes de valeurs, ses représentations et révèle, au-delà du cas particulier des deux héros involontaires de cette scandaleuse affaire, bien des traits collectifs d'une société en mutation

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